Les frères mennonites : qui sont-ils et d’où viennent-ils ?
« Voici ma seule joie et le seul désir de mon cœur : étendre le Royaume de Dieu, révéler la vérité, réprouver le péché, prêcher la justice, nourrir par la Parole du Seigneur les âmes affamées, conduire les brebis égarées sur le bon chemin et gagner beaucoup d’âmes au Seigneur par son Esprit, sa puissance et sa grâce. C’est de cette manière que je veux dans ma faiblesse revêtir, comme il me l’a enseigné, celui qui m’a racheté par son sang répandu, moi un misérable pécheur, celui qui m’a donné cette disposition d’esprit par l’Évangile de sa grâce, à savoir Jésus-Christ. »
(Menno Simons 1496 – 1561)
Il est normal, pour ceux qui entendent ce nom pour la première fois, de se questionner sur l’origine, l’identité et l’enseignement des Églises des frères mennonites. Dans le contexte québécois, on peut facilement comprendre qu’un mouvement nommé « frères mennonites » puisse éveiller une méfiance parmi les gens. Une brève présentation de ces Églises ainsi que de leurs enseignements s’avèrent donc nécessaires et dissipera quelques confusions.
La Réforme protestante
Pour connaître l’origine des Églises des frères mennonites, nous devons faire un bond de cinq siècles en arrière et retourner à la Réforme protestante. Au XVIe siècle, les grands réformateurs Martin Luther, Jean Calvin et Ulrich Zwingli revendiquent un retour aux enseignements du Nouveau Testament. Ces réformateurs sont à l’origine de ce qu’on appelle la Réforme protestante.
Au sein de cette Réforme apparaît, à Zurich en Suisse, le mouvement anabaptiste, au tout début des années 1520. Conrad Grebel, Félix Mantz, Georges Blaurock et quelques autres intellectuels sont à l’origine de ce mouvement. Les anabaptistes sont un groupe de chrétiens qui désirent une réforme plus poussée de l’Église. Ils prônent la séparation de l’Église d’avec l’État, désirant ainsi s’émanciper du pouvoir civil en matière de foi et de pratique religieuse, et le baptême sur confession de foi par opposition au baptême des enfants. Ils rebaptisent donc leurs adhérents, ce qui amène leurs opposants à les appeler « anabaptistes », qui signifie « rebaptiseurs ».
Cette réforme plus poussée amène les catholiques et les autres protestants à les persécuter. Ainsi débute, en 1525, une longue période de clandestinité. Les anabaptistes quittent la ville de Zurich et s’installent dans la campagne. Cette émigration des anabaptistes de Suisse permet au mouvement de s’étendre partout en Europe, mais la répression est forte et le mouvement en vient donc à être désorganisé et à presque s’éteindre.
Menno Simons
Un prêtre catholique hollandais nommé Menno Simons est inconfortable avec certaines pratiques religieuses de son Église. En étudiant le Nouveau Testament et quelques écrits de Martin Luther, il devient convaincu que certains enseignements de son Église ne sont pas conformes à l’enseignement de la Bible. En 1536, il quitte finalement l’Église catholique pour s’identifier avec les anabaptistes et s’efforce de restructurer le mouvement.
Durant 18 années, Menno Simons est persécuté et doit se cacher dans différents refuges. Toutefois, jusqu’à sa mort, il continue d’enseigner, d’écrire et d’organiser des Églises anabaptistes. Le mouvement vient à prendre le nom de « mennonites » et distingue les paisibles disciples de Menno Simons des autres fanatiques révolutionnaires qui étaient associés aux anabaptistes.
Le renouveau spirituel de 1860
Vers 1540, la persécution aux Pays-Bas amène des mennonites à fuir pour se rendre d’abord en Prusse puis, en 1786, en Russie où ils peuvent jouir d’une certaine liberté religieuse. Toutefois, après plusieurs années en territoire russe, un déclin spirituel s’amorce à cause d’une isolation culturelle et religieuse, de même qu’à cause de l’absence de vision et d’engagement missionnaires.
C’est dans ce contexte, en 1860, que l’Église des frères Mennonites apparaît suite à un réveil religieux au sein des mennonites. Sous l’influence de certains prédicateurs, dont Edouard Wuest, pasteur luthérien, des mennonites expérimentent un renouveau spirituel et donnent naissance à l’Église des frères mennonites.
Entre 1874 et 1880, des mennonites et des frères mennonites émigrent en Amérique du Nord à cause de certaines politiques gouvernementales russes diminuant la liberté religieuse, abrogeant, par exemple, l’exemption du service militaire pour les mennonites. Aujourd’hui, l’Église des frères mennonites apparaît non seulement en Amérique du Nord, mais aussi en Afrique, en Amérique du Sud, en Europe et en Asie.
Les frères mennonites au Québec
Dans les années 1950, des missionnaires de langue anglaise viennent au Québec pour apprendre le français dans le but de servir au Zaïre. En 1960, suite à la révolution au Zaïre, la plupart de ces missionnaires sont invités à commencer une œuvre évangélique au Québec. C’est alors que la Conférence Canadienne des Églises des frères mennonites envoie au Québec son premier missionnaire dans le but d’implanter et de démarrer dans la province une œuvre des frères mennonites.
Ainsi, Ernest et Lydia Dyck s’installent à St-Jérôme en 1961 où, malgré une certaine opposition, ils implantent une communauté frères mennonites. Cette Église s’est multipliée au point que nous avons aujourd’hui plusieurs Églises locales formant, depuis 1984, l’Association des Églises des frères mennonites du Québec.
Après cinq siècles d’histoire et cinquante années de proclamation et de service au Québec, les frères mennonites désirent continuer d’être des témoins de l’Évangile de Jésus-Christ dans le monde d’aujourd’hui.
Stéphane Rhéaume, pasteur principal
Église chrétienne évangélique de St-Eustache