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LaBible_484x646La Bible : comment la lire et comment l’interpréter ?

Il y a différentes manières de lire et d’interpréter les Écritures. Au sein du christianisme, il existe globalement trois grandes écoles de pensée à l’égard de la Bible.

Trois manières d’approcher la Bible

Voici comment le pasteur Gérard Pella définit ces trois approches.

« L’école critique. Pour les théologiens de cette école, la Bible est un ensemble de paroles humaines par lesquelles nous parvient la Parole de Dieu. Ce qui caractérise cette approche, malgré de notables différences théologiques parmi ses praticiens, c’est le refus d’identifier la Bible et la Parole de Dieu… Cette approche pose un grave problème théologique en instituant l’homme juge de l’Écriture, susceptible de se prononcer sur la valeur des textes bibliques et sur les erreurs éventuelles qu’il contient. Les compétences et l’autorité du théologien risquent ainsi de se substituer à l’autorité de la Bible.

L’école fondamentaliste. Pour les théologiens de cette école, la Bible est la Parole de Dieu, infaillible et normative, pour toutes les époques. « La Bible dit… il ne reste plus qu’à obéir »… Cette approche pose, elle aussi, un grave problème théologique : « elle étudie un texte biblique sans se préoccuper de savoir si le contexte culturel dans lequel il a été rédigé peut avoir une quelconque incidence sur la manière de l’interpréter…  Pour sincère qu’elle soit, cette approche pèche par omission. En effet, en ne se souciant pas de replacer les textes dans leurs contextes respectifs, l’interprète prend le risque de ne pas saisir l’intention originelle de Dieu et de lui en substituer une autre ».

L’école évangélique. Pour les théologiens de cette école, la Bible est la Parole de Dieu dans des paroles humaines situées dans un contexte historique précis. Cette école partage la conviction des « fondamentalistes » concernant l’autorité des Écritures, mais s’en distance au sujet de son interprétation parce qu’elle perçoit mieux le caractère historique de la révélation… Elle s’interdit de juger l’Écriture, mais elle ne se borne pas pour autant à la répéter : elle cherche à l’interpréter dans son contexte et à la traduire dans notre contexte » (Source : revue théologique HOKHMA, n. 30, 1985, p. 3-4).

La perspective de notre Église

Cette dernière perspective est celle de l’Église chrétienne évangélique de Saint-Eustache dans sa lecture, son interprétation et son application de la Bible. C’est notre conviction, en effet, que les textes des Écritures nous rapportent non seulement la foi et l’expérience d’un peuple ancien, mais aussi, au moyen d’un récipient culturel, la révélation de Dieu lui-même pour les hommes de tous les temps et de tous les lieux. Nous croyons en la double paternité littéraire des Écritures : la Bible est à la fois parole humaine et parole divine. En tant que parole humaine, la Bible est écrite par des hommes vivant à différentes époques et dans différents milieux, et en tant que parole divine, la Bible est porteuse de révélation divine, nous faisant connaître qui est Dieu et quelle est sa volonté pour l’être humain.

Le caractère humain de la Bible

Dans certains milieux, le caractère humain de la Bible est pratiquement passé sous silence, ce qui entraîne une lecture fondamentaliste des Écritures. On ne tient pratiquement pas compte de la composition humaine de la Bible, de son enracinement historique, de son conditionnement social, de son récipient culturel et de sa diversité théologique interne. Or, la Bible ne peut être correctement comprise qu’à la lumière de son contexte socio-historique, de ses divers genres littéraires ainsi qu’à la lumière des intentions théologiques propres à chaque auteur. La Bible raconte une histoire humaine et religieuse où des hommes sont en quête de Dieu, nous livrant leurs réflexions spirituelles à travers les âges et cherchant à vivre leur foi dans le contexte dans lequel ils vivent. Il faut donc refuser toute lecture fondamentaliste des Écritures qui a tendance à vider la Bible de ses caractéristiques humaines et qui se borne à l’interpréter de façon littérale comme si la Bible avait été écrite directement pour aujourd’hui.

Le caractère divin de la Bible

Dans d’autres milieux, ce n’est pas tant le caractère humain de la Bible qui est escamoté que son caractère divin. On tend à négliger, pour ne pas dire ignorer, la révélation de Dieu, l’inspiration de l’Esprit et l’autorité de la Bible. On minimise sa portée universelle, son message transculturel et son unité théologique interne. On relativise ses enseignements, on rejette son autorité, on remet en doute sa fiabilité et sa crédibilité. On se croit libre de s’en distancer et même de la remettre en question. Or, nous croyons que pour bien comprendre la Bible, nous devons porter une attention soutenue autant à ses caractéristiques divines qu’à ses caractéristiques humaines.

La Bible ne fait pas que nous rapporter le cheminement de l’homme vers Dieu mais aussi la démarche de Dieu vers l’homme. Nous tenons au trio : révélation, inspiration, autorité. Par révélation, nous soulignons l’initiative divine de se dévoiler aux hommes. Cette révélation divine est progressive dans le temps et prend diverses formes. Par inspiration, nous indiquons l’influence divine lors de la rédaction des textes. Il ne faut pas y voir ici une dictée donnée par Dieu court-circuitant les facultés humaines. C’est l’action divine dans la composition que nous accentuons et non le mode de l’inspiration. Quant à l’autorité, nous affirmons que c’est à la lumière de la Bible que nous vivons notre foi et notre vie. Nous laissons la Bible nous interroger, nous interpeller, même nous corriger dans nos croyances, dans nos valeurs et dans nos pratiques. C’est pourquoi il faut se garder, non seulement de toute lecture fondamentaliste des Écritures qui étouffe ses caractéristiques humaines, mais aussi de toute lecture libérale des Écritures qui étouffe ses caractéristiques divines et qui refuse d’admettre sa pleine autorité.

Nous n’avons donc aucune hésitation à conjuguer, dans notre approche de la Bible, parole humaine et parole divine, composition humaine et inspiration divine, rédaction humaine et supervision divine, enracinement socio-historique et portée universelle, récipient culturel et vérité théologique, diversité interne et unité interne. La Bible est à la fois un livre où l’homme parle de Dieu et un livre où Dieu parle à l’homme, une parole sur Dieu et une parole venant de Dieu.

Qu’est-ce que tout cela change dans notre lecture de la Bible ?

Ce caractère divin et humain de la Bible est important pour l’étude de la Bible. Il nous amène à faire la distinction entre le message théologique des Écritures et le récipient culturel dans lequel il a été transmis. Nous cherchons d’abord à comprendre le sens original d’un texte (c’est le but de l’exégèse) pour ensuite en dégager les principes ou les vérités théologiques qui sont transposables dans le monde actuel (c’est le but de l’interprétation). C’est ici que le principe de la « transposition culturelle » devient important. La transposition culturelle consiste à retraduire pour aujourd’hui et pour notre culture le sens premier des textes bibliques. Il n’est donc pas nécessaire d’appliquer littéralement et directement les Écritures, mais plutôt d’en dégager les principes qui s’appliquent aux croyants de tous les temps et de tous les lieux pour pouvoir les appliquer aux différentes sphères de la vie quotidienne : vie personnelle, familiale, ecclésiale, sociale, etc. (c’est le but de l’application). Nous croyons que le message de la Bible est transposable sous différentes formes dans le monde d’aujourd’hui et applicable dans différents domaines de la vie humaine.

Nous vous invitons à découvrir par vous-même le message de la Bible et la richesse des Écritures.

Stéphane Rhéaume, pasteur principal
Église chrétienne évangélique de St-Eustache

« Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne œuvre. » (2 Timothée 3. 16-17)

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